samedi 30 janvier 2010

Les morts sont-ils bien morts ?

A peine ont-ils disparus qu’on les momifie. Plutôt qu’utiliser des images d’archives (et l’Ina conserve tout), on les glorifie dans des fictions où leur personnage est interprété (en mieux ?) par des acteurs : Piaf, Gainsbourg, Coluche, Sagan, Coco Chanel…
Mais le pire vient d’être atteint dans l’exploitation des morts. Des artistes ont éprouvé le besoin d’éditer un CD au profit des victimes du tremblement de terre à Haïti. Et parmi ces artistes, on trouve Grégory Lemarchal, mort de la mucoviscidose en 2007 ! Est-ce vraiment son choix ? Est-ce sa volonté que de faire partie de cet album ? Il n’a de toute façon – et malheureusement – plus son mot à dire.

dimanche 24 janvier 2010

Haenel vs Lanzmann

Yannick Haenel a publié un livre “Jan Karski” sur ce polonais qui fut le témoin du ghetto de Varsovie mandaté par les Juifs pour témoigner devant le monde. Ce livre est passionnant. Mais voila, il ne plait pas à Lanzmann. Ce dernier revendique d’être le seul à savoir parler de la Shoah, c’est d’ailleurs lui qui a imposé ce nom. Il interdit à tout autre d’en parler, critique méchamment celui qui fait, comme Haenel, œuvre de fiction. Effectivement, Haenel a écrit un roman, magnifique, brûlant, bouleversant, mais un roman.

Et comme Lanzmann a le venin facile, il publie dans un hebdo un article assasin sur ce pauvre Haenel, l’accuse carrément de falsification de l’histoire (sic).

Lanzmann m’emmerde. De ses mémoires, "Le lièvre de Patagonie", je n’ai aimé que la partie où il parle, justement, de la fabrication de son film Shoah. Tout le reste est à jeter !
Et j’ai adoré le livre « Jan Karski » . Il est vrai que les thèses de Haenel peuvent déranger mais elles sont aussi une autre lumière sur le fait polonais qui a le mérite d’exister.

Lanzmann est coutumier du fait. Déjà, il avait salement arrangé La Liste de Schindler de Steven Spielberg qui est un excellent film ! Et après tout, j’aime les héros positifs, je suis content que des allemands et des polonais s’identifient – grâce à des films ou à des romans – à des figures aussi belles que Karski ou Schindler. C’est mieux que s’identifier à Hitler…

Yannick Haenel, Jan Karski, roman, Paris, Gallimard, coll. L'Infini, 2009. Prix Interallié 2009
Un éditeur promet une nouvelle publication des mémoires de Karski. A lire !



Enfants juifs dans le ghetto de Varsovie (1940-1942)

samedi 23 janvier 2010

Haïti, quelques chiffres

La population s’élevait à 6,8 millions en 1990, 8 millions en 2000, 9,8 millions aujourd’hui.

C’est un des pays les plus pauvres de la planète et malgré tout, la démographie est en hausse. Des projections de l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) prévoient même, à ce rythme, 16 millions d’habitants en 2050.
Quand ils le peuvent, pourtant, les Haïtiens quittent le navire. En 2001, la migration représentait 2,31 immigrants sur 1000 habitants.

A l’occasion du tremblement de terre, on parle beaucoup de l’adoption des enfants haïtiens en occident. En 2006 1.300 enfants haïtiens ont été adoptés partout dans le monde dont 591 en France et ce chiffre s’élevait à 731 enfants en 2008.
Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) relève que les femmes haïtiennes, qui ont en moyenne 4 enfants chacune, voudraient en avoir moins et qu’il faudrait des services d’information et de planification familiale.

Mais est-ce l’intérêt de l’occident en mal d’enfants ?


On commence également à parler de trafic d’enfants. L’Unicef a perdu la trace d’au moins 15 d’entre eux, partis avec on ne sait qui.

mercredi 20 janvier 2010

Où sont les pères ?

Régulièrement, les médias nous montrent en exemple une famille « monoparentale », mot bien pratique pour désigner le plus souvent une famille où la mère élève seule ses enfants. Le dernier cas que j’ai entendu : une femme seule avec quatre enfant qui se débat pour vivre dignement avec un salaire de misère (elle fait quelques ménages). On appelle ça la précarité, la réalité est souvent sordide.

Où est le père ? Où est la pension alimentaire ?

Si les 4 enfants sont du même père et si le père est décédé alors il est injuste que la femme ne soit pas mieux aidée.

Si le père est vivant, la mère ne devrait pas devoir s’escrimer seule pour élever leurs enfants.

S’il y a plusieurs pères, chacun devrait être mis à contribution.

Sauf si ces pères l’ont été malgré eux, piégés en quelque sorte. Alors on devrait apprendre aux femmes la contraception. Et bien leur dire qu’on ne retient pas un homme en lui faisant un enfant.

Mais le politiquement correct ne nous donne pas le droit de savoir qui sont les pères des enfants de ces femmes vivant dans la misère – et si braves ( ?) - ni pourquoi elles ont fait ces enfants.

Qui est Alain Badiou ?

Alain Badiou est professeur à l’Ecole normale supérieure. Il vient de publier un nouveau livre Eloge de l’amour, que j’ai lu (c’est très court).

Il parle lui-même de ses précédents écrits – je n’en connais aucun -, une pièce, l’Echarpe rouge, un roman Calme bloc ici-bas où, je cite :

La fresque révolutionnaire enveloppe l’amour d’un ouvrier chiite, Ahmed Aazami, pour une terroriste, Elisabeth Cathely, puis celui d’Elisabeth, Simon, adopté après la mort de la terroriste par Ahmed, pour Claude Ogasawara, poète et fille d’un notable réactionnaire.

Donc Alain Badiou est en grand connaisseur de l’amour, il en a d’ailleurs connu plusieurs (c’est lui qui le dit).

Il explique entre autres que notre société moderne (nous vivons en effet dans un monde moderne) veut l’amour sans les risques de l’amour, l’amour zéro risque pour soi, l’amour où le risque sera seulement pour les autres. Il généralise et va jusqu’à affirmer :

De la même manière que « zéro mort», c’est pour les militaires occidentaux. Les bombes qu’ils déversent tuent quantité de gens qui ont le tort de vivre dessous. Mais ce sont des Afghans, des Palestiniens…. Ils ne sont pas modernes non plus.

Ainsi donc, pour Badiou , les occidentaux sont cruels de bombarder les Afghans et les Palestiniens. Comme chacun sait, les Afghans sont des anges d’humanité qui n’ont jamais lapidé à mort aucune femme. Et les palestiniens ne se sont jamais fait exploser dans aucune foule et n’ont jamais confié à leurs enfants les coktails molotov si mal faits qu’ils leur ont arraché les mains avant d’avoir le temps d’atterrir sur les blindés israéliens.

Badiou glisse tout cela en passant, sans avoir l’air d’y toucher et comme ça n’a rien à voir avec le sujet du livre («l’amour»), je m suis demandé s’il n’avait pas déliré. Comme je suis très sensible et ai tendance à voir de l’antisémitisme dans l’antisionisme, j’ai continué ma lecture.

Mais non, Badiou n’est pas antisémite ! Il a d’ailleurs un bon ami Juif. Enfin, ce n’est pas un Juif banal comme les autres, c’est un Juif de l'étude, c’est un bon Juif. Il s’appelle Jérome Bennaroch mais Badiou l’appelle «mon ami Bennaroch». Bennaroch n’est pas toujours d’accord avec Badiou et le lui dit et Badiou ne lui en veut pas. C’est bien de sa part.

Voila donc qui est Badiou, par ailleurs mis en cause par Eric Marty dans la «Querelle» et qui a aussi publié un ouvrage Circonstance, 3. Portées du mot "juif" (il en parle très bien sur le site d’info-palestine.net). Il y dit beaucoup de mal des juifs en général et d’Israël en particulier.

Mon opinion sur Badiou est faite, c’est bien un antisémite, qui utilise le langage de la philosophie pour défendre ses thèses nauséabondes. Et qui les défend dans le plus mince ouvrage qui soit !